En 2015, suite à notre mobilisation, l’ARS (Agence Régionale de Santé) proposait aux habitants du territoire des examens biologiques pour un dépistage des éléments métalliques PLOMB, ARSENIC et CADMIUM suspectés de contamination.

Ce dépistage, réalisé sur 650 personnes dans un premier temps (complété par un second dépistage quelques mois plus tard sur 800 personnes), sur la base du volontariat, révélait une imprégnation de la population pour l’Arsenic (22% des personnes dépistées présentaient des chiffres supérieurs aux normes admises) et le Cadmium (13%); les chiffres étaient moindres pour le Plomb.

Depuis, ADAMVM a participé ( en la personne de François Simon, représentant d’Association d’usagers et Médecin retraité) à deux groupes de travail à la HAS (Haute Autorité de Santé) sur l’Arsenic (en 2019) et le Cadmium (en 2023) afin de proposer aux professions médicales et paramédicales une mise à jour des connaissances et des recommandations de bonnes pratiques.

Le Rapport de la HAS sur le Cadmium paru en Juillet 2024s’intitule: « Dépistage, prise en charge et suivi des personnes potentiellement surexposées au Cadmium du fait de leur lieu de résidence ».

Il est accompagné d’un argumentaire scientifique  et de recommandations pour la pratique clinique.

Haute Autorité de Santé – Dépistage, prise en charge et suivi des personnes potentiellement surexposées au cadmium du fait de leur lieu de résidence

Récemment (en Juin 2025), un Groupement d’Associations de Médecins libéraux a tiré la sonnette d’alarme dans un courrier adressé au Gouvernement, faisant part de « sa grande inquiétude » face à l’exposition croissante des Français au Cadmium ( près de 50% des Français dépasse le seuil d’alerte fixé par l’ANSES – Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail)

Les taux sont deux à trois fois plus élevés que ceux relevés dans des pays comme l’Italie ou les Etats-Unis.

Avec une préoccupation majeure pour les enfants les plus jeunes (6-10 ans) et une exposition moyenne chez les adultes qui a doublé en 10 ans.

La Presse s’est alors emparée de ces informations pour les diffuser auprès du grand public avec, notamment, la mise en accusation du modèle agricole français utilisant massivement les engrais phosphatés trop riches en Cadmium, en particulier ceux commercialisés par le Maroc.

La France malade du cadmium, une « bombe sanitaire », alertent les médecins libéraux

Or, comme l’ont déjà fait remarquer les scientifiques et les médecins, le Cadmium est une véritable « bombe sanitaire », cancérogène certain pour l’homme, à l’origine également de pathologies osseuses, rénales et cardio-vasculaires.

Ce métal lourd connu chez nous par sa présence au cours de l’extraction minière de Plomb et de Zinc (cas des mines de St Félix de Pallières et Durfort) se retrouve dans la plupart des sols agricoles fertilisés par les engrais phosphatés et va donc contaminer les aliments parmi les plus consommés: céréales du petit déjeuner/pain/pâtes/pommes de terre (ce qui explique l’explosion de contaminations constatées chez les jeunes enfants).

L’ANSES, en France, et la Commission Européenne, avaient proposé d’abaisser le  seuil de Cadmium dans les engrais phosphatés ( actuellement de 60mg/kg d’engrais pour l’amener à 20mg/kg) ce qui n’a pas été retenu par le Gouvernement. De plus les lobbys des fertilisants s’évertuent à faire échouer ces mesures de bon sens…

C’est, en fait un changement des pratiques agricoles (avec un soutien accentué à l’agriculture biologique) qui devrait être engagé car, comme le dit l’ANSES, il faudra des décennies pour faire baisser les niveaux de contamination des sols (même en abaissant ou supprimant le Cadmium dans les engrais).

Quant à l’extraction minière, elle demande beaucoup plus de prudence que ce qui est proposé aujourd’hui sous la forme d’une « ruée minière » (Cf « La ruée minière au  XX1ème siècle » de Célia IZOARD- Editions du Seuil) qui sera pourvoyeuse de conséquences sanitaires et environnementales considérables.

Car, même si le ministre de la Santé vient d’annoncer une prise en charge par la CPAM du dépistage du Cadmium dans les urines à l’automne 2025 -ce qui est une bonne nouvelle- nous avons surtout besoin d’une politique du long terme avec des mesures préventives, une réflexion de fond sur le modèle agricole que nous souhaitons ( cf le vote récent de la Loi Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur »…avec à la clé la réintroduction de pesticides, les mégabassines et la facilitation de l’élevage intensif !), et bien sûr, une baisse drastique des taux de Cadmium dans les engrais phosphatés ( ils pourraient même être éliminés avant leur utilisation..mais cela coute cher !..).

En ce qui concerne l’extraction minière, elle ne devrait s’opérer qu’après un large débat citoyen et la consultation de tous les acteurs au vu des enjeux sanitaires et environnementaux engagés (cf le Rapport de SYSTEXT sur l’Après-Mine à paraître en Sept/Oct 2025)

Une Consultation Citoyenne serait bienvenue sur le sujet, à l’image de celle sur le Climat ou la Fin de Vie..à condition, par contre, que les recommandations émises soient réellement  mises en oeuvre au terme de la consultation.

Nous en sommes encore loin..mais le sursaut citoyen est possible; la contestation de la loi Duplomb en est un exemple chargé d’espoir !

François Simon

Médecin retraité

Membre du CA d’ADAMVM